Une grande conférence-débat a été organisée à la salle de conférences de la Direction Départementale Nord de la PNH, sise entre rues 25 et 26 A, au Cap-Haïtien-Haïti entre journalistes et policiers ce jeudi 28 juillet 2022 sous le thème. : Réduction de la violence communautaire. Le rôle des journalistes dans la réduction de la violence communautaire a été un sous-thème sur lequel Me VALCIN Délinord, journaliste sénior; formateur en journalisme depuis 2001; et politologue a intervenu au nom de la presse. Pour commencer, Me VALCIN a fait savoir que la violence peut découler de multiples causes. Il en a profité pour citer Martin Faye, un journaliste sénégalais arguant que les journalistes peuvent contribuer à la résolution des conflits.
Étant leaders d'opinion dans une société, les journalistes doivent transcender en cultivant particulièrement deux (2) valeurs fondamentales du métier :"L’OUVERTURE D’ESPRIT et L’IMPARTIALITÉ" a-t-il insisté.
Le /la journaliste doit tout le temps promouvoir l’équilibre social. En situation de violence, les journalistes doivent éviter autant que possible de diffuser des informations partisanes. À ce sujet, la presse à scandale ou le journalisme sensationnel est à éviter. Pour prévenir ou réduire la violence communautaire, les styles de journalisme prioritaires devraient être : le journalisme de solutions et le journalisme social. Il a continué pour dire qu’à l'ère du numérique, les journalistes peuvent aussi prioriser : le journalisme conversationnel, le journalisme liquide et le data-journalisme.
Il croit aussi que ces nouvelles formes ou ces nouveaux styles de journalisme peuvent favoriser les échanges sociaux ou le dialogue collectif, chercher et rechercher les solutions aux problèmes sociaux, en utilisant différents GENRES du métier, avec des sujets et angles de traitement variés et adaptés.
Ces styles de journalisme permettent aussi aux journalistes de mieux se documenter sur les "faits sociaux" qui sont très complexes, notamment sur les différentes formes de violence : violence ludique; violence réactionnelle; violence vengeresse; violence compensatoire; violence produite par l'écroulement de ses espérances; violence caractérisée par la soif du sang d'ordre archaïque, selon l'approche Éric FROMM en psychanalyse sociale, a-t-il expliqué.
Les journalistes professionnels se doivent de soupeser les conséquences de leurs révélations au public, dit-il, avant de diffuser certaines informations surtout en situation de conflits. Il croit que dans ce cas précis, les "scoops" peuvent beaucoup plus alimenter les violences au lieu de les réduire. Par exemple, dans le cas d'une bavure ou brutalité policière lors d'une manifestation populaire, un-e journaliste professionnel- lle peut choisir de ne pas prioriser le factuel.
En conséquence, il - elle peut plutôt décider de se documenter davantage sur ce fait et réaliser un reportage - magazine ou une interview -explication, afin non seulement de mieux informer la population de façon équilibrée et sans émotions, mais aussi d’éduquer avec l’aide d'un ou de plusieurs spécialistes en sciences humaines et sociales, et le bourreau (le-la policier-ère fautif-ive) et la victime (le-la contestataire) a-t-il conseillé.
Ce faisant, Me VALCIN croit que ça peut possiblement pousser les hauts responsables de la PNH à infliger des sanctions adéquates ou de former davantage les policiers-ères fautifs - ives, grâce aux données et pressions du journaliste.
Attention! Ce point avait soulevé la grogne de nos confrères et consœurs qui jusqu'ici priorisent plutôt les scoops et l’information factuelle. Cependant, ils oublient que la brutalité policière ne constitue qu’un élément de la manif. En attendant, ils - elles peuvent quand même informer le public sur les objectifs de la manif sans être obligé de mentionner rapidement si nécessaire la brutalité policière au cas où ça pourrait peut-être engendrer d 'autres cas de violence, parfois même contre les journalistes eux-mêmes.
En fin d' intervention, Me VALCIN a procédé à la lecture d’un nouveau texte poétique (LA VIOLENCE JUSTIFIÉE) qu’il a écrit sur la violence, afin de faire comprendre notamment à ses confrères et consœurs journalistes que la violence est nécessaire et justifiée dans une société où l'inacceptable est accepté, surtout si l'État ne détient pas ce monopole.
Par conséquent, la paix sociale est à construire par une approche sensible et plurielle en ce qui concerne la violence, notamment la violence communautaire, a-t-il conclu.
Mathieu Philomé: Journaliste/Juriste