L'ancien député de la première circonscription de Ouanaminthe, Me Elusma Florvil dit Mama s'est confié au journal en ligne Liberté-Infos, lors de sa participation à la cérémonie inaugurale de l'Hôpital "Santé Soleil" ce Samedi 16 Juillet 2022, sur le problème de l'insécurité qui s'aggrave de jour en jour dans le pays. Selon ses constats, l'insécurité en Haïti est "politique". Elle est maintenue et entretenue par ceux qui veulent contrôler le pouvoir politique. Ils ont utilisé toutes les manœuvres et les stratégies possibles pour asseoir ce projet via la distribution des armes et des munitions dans certains endroits.
« Ce qu'on aurait jamais osé imaginer, même des institutions considérées comme des représentations morales qui bénéficiaient de toute la confiance de la société sont aujourd’hui impliquées dans le trafic illégal d'armes à feu et de munitions. De ce fait, l'insécurité est hors contrôle. Si autrefois, on avait la perception que le banditisme était l'affaire des va-nu-pieds et des bandits de grand chemin qui volent, pillent et violent pour satisfaire leurs désirs personnels, aujourd'hui, on arrive à comprendre que des institutions qui auraient dû défendre les valeurs morales dans la société sont largement impliquées dans des contrebandes d’armes à feu et de minutions. Ceux que nous appelons des "bandits" n'ont pas les moyens adéquats pour se procurer ces armes et ces munitions de grands calibres. Derrière cette insécurité galopante, il y a des mains invisibles. Cependant, certains masques sont tombés en apprenant la participation de l'Église Catholique dans le trafic d'armes » a-t-il dénoncé.
Selon Mr Florvil, d'autres institutions comme le Parlement Haïtien et les entités du secteur économique alimentent l'insécurité en Haïti.
En tant qu’ancien Juge titulaire du Tribunal de Paix de la commune de Ouanamintrhe, Mr Florvil déplore le fait que l'insécurité globale a des impacts très néfastes sur les villes de province. Et c'est encore plus grave pour Ouanaminthe étant une ville frontalière et cosmopolite offrant de grandes opportunités commerciales et économiques avec la République Dominicaine. Aujourd’hui, Ouanaminthe accueille régulièrement un nombre important de gens, surtout ceux qui fuient l'insécurité dans la capitale du pays (Port-au-Prince).
« Le danger imminent dans tout ça, beaucoup de bandits traqués à Port-au-Prince sont réfugiés à Ouanaminthe, soit pour traverser la frontière vers la République Dominicaine, soit pour y rester et continuer à mener leurs sales activités habituelles. Les activités commerciales dans cette ville frontalière attirent aussi beaucoup de gens y compris des bandits. Il ne faut pas ignorer que ces cas existaient depuis toujours à Ouanaminthe, mais aujourd'hui c'est encore pire par rapport au flux migratoire interne dont fait l'objet cette zone » a-t-il déploré.
En ce sens, Mr Florvil conseille aux autorités policières et judiciaires de la région d'être très vigilantes. Il a fait allusion à l'époque où il était juge de paix à Ouanaminthe pour proposer des solutions aux autorités actuelles.
« Je ne me contentais pas de rester confortablement dans mon bureau pour remplir ma fonction de juge, mais j’ai travaillé de concert avec la police locale, les maires, la société civile, la population et les notables pour mener des enquêtes de proximité pour me renseigner en temps réels sur l'arrivée et la présence des inconnus suspects dans certaines zones pour faire les suivis nécessaires. Et ceci, ce n'est pas au frais de l'État, mais par amour pour le bien-être de la communauté » a-t-il rappelé.
Jackenson ACCILIEN
Agronome/Politologue/Journaliste
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