mardi 23 août 2022

Ouanaminthe-Insécurité : la CODEVI aurait-elle perdu le contrôle de ses monstres ?


Nombreuses sont les victimes (blessés/morts) par balles des différents mouvements de grève lancés à Ouanaminthe, notamment dans la localité de Gaillard. À maintes reprises, lorsque les résidents de cette zone veulent faire passer leurs revendications, les ouvriers de la Compagnie de Développement Industriel (CODEVI) constituent leur principale cible.

Hélas ! Des gens avisés s’interrogent sur cette pratique, sachant que certains jeunes minés par la misère et le chômage (communément appelés bandits) qui vivent dans cette localité seraient très bien rémunérés par la CODEVI en vue de l’épargner. Bien des fois, les ouvriers sont  malmenés à coup de bâtons lors de ces mouvements comme s’ils étaient les coupables. Eux, qui ne se soucient pourtant que de gagner le pain quotidien même au péril de leur vie. Eux, qui sont obligés de braver les dangers sous la menace d’être révoqués ou de perdre une partie de leur misérable salaire. Je crois qu’on ne devrait pas les frapper. Car, même pour les enfants, le fouet est quasi frappé d’une totale interdiction. 

"Je pense qu’on pouvait tout simplement, lors des mouvements de grève, bloquer toutes les issues et surtout demander aux ouvriers de rebrousser chemin de façon civilisée. Personne ne doute que certains d’entre-deux sont têtus et seraient même prêts à rentrer en rébellion. Pourtant, agissant ainsi, on exige le respect du principe de solidarité purement et simplement. Et, ce serait juste. Mais, les descendre (abattre) comme des bétails avec des balles assassines, les fouettés pires que des voleurs de grand chemin, c’est révoltant, répugnant et inacceptable en plein 21e siècle sous quelque prétexte que ce soit."

Les ouvriers ne sont pas à la base des problèmes auxquels vous êtes confrontés depuis la nuit des temps, chers amis. Les coupables sont là. Au contraire, ils se réjouissent de vous regarder vous entretuer pendant que vous êtes tous des victimes, leurs victimes en fait. Les ouvriers de la CODEVI sont, tout comme vous, de pauvres gens en quête d’un mieux-être à travers ce véritable labyrinthe du secteur sous-traitance. L’on se demande perplexe, en vérité, pourquoi s’entretuer dans un combat quand l’adversaire n’a pas de masque ? 

Après moult réflexions, on réalise finalement qu’il est préférable de nous unir pour nous défendre contre les oppresseurs, contre nos dirigeants prédateurs, contre les colons noirs qui nous entourent. La lutte pour l’électrification de la ville, l’aboutissement des projets en cours comme la Place Notre-Dame de Ouanaminthe, le Parc de Jeu de Gaillard, le respect de nos droits en tant qu’occupants des terrains agricoles que la CODEVI et ses complices (l’État + CONADO) tentent de nous voler, la construction d’un hôpital de référence dans la ville, dire non à la flambée excessive des frais de scolarité dans les écoles congréganistes qui sont fort souvent exonérées par l’État haïtien (dans les douanes), pour dénoncer les directions d’écoles qui continuent à nous extorquer de forte somme d’argent pour graduer nos progénitures  en dépit d’une soi-disant interdiction formelle, la lutte pour exiger la baisse des prix des produits de premières nécessites, la lutte pour exiger de la sécurité, de l’eau potable, le respect du droit à la santé et l’éducation pour tous, oui mon ami-e, c’est la bonne, la vraie et la meilleure lutte que nous devons mener, tous ensemble et sans issu même dans les coins les plus reculés. 

C’est trop dur pour la société et les proches des victimes. Si on se le rappelle bien, outre diverses victimes par balles dans des mouvements pareils à Gaillard, il y a environ un lustre, un enfant de 18 mois a été tué à la suite d’un gaz lacrymogène libéré dans l’air par les forces de l’ordre. L’enfant est décédé pour rien. Les autres citoyens-nes ont été victimes pour rien. Puisque les problèmes demeurent aujourd’hui encore. Aucune solution n’a été trouvée. Donc, la mort de cet innocent de 18 mois peut être considéré comme superflue.   

Le décès du jeune Luckendy survenu dans la matinée du 22 Août 2022 dans la zone de Gaillard (Baz Boulos) à Ouanaminthe devrait nous permettre de prendre du recul afin d’étudier un nouveau plan de bataille. Car, il ne devrait pas avoir d’autres Luckendy François dans nos murs. Ce jeune chômeur âgé de 18 ans qui allait mettre son premier jour de travail à la CODEVI est décédé après avoir été gravement blessé par balle, encore à Gaillard. 

Se pa paske l konnen CODEVI tap fè l rich. Se paske l pa gen anyen nan men l kòm aktivite ki koz li te dakò vin pase anpil kalamite anba gwo solèy cho ak pousyè jouk li te rive enskri ak swiv modalite pou l kalifye kòm ouvriye nan CODEVI. Nou pa menm bay li chans rive mete premye jounen travay li, nou touye l. Kou a di anpil mesye. Resezi nou avan pi ta vin pi tris. 

Les agents de la PHN affichent souvent des comportements violents face aux membres de la résistance lors des mouvements de grève à Gaillard. C’est très déplorable. Autrefois, des policiers ont été blessés à coup de pierre et de bouteille dans cette zone. En effet, dans un camp comme dans l’autre, les victimes sont à déplorer. Il est grand temps de changer de méthode et de réaliser que nous ne faisons du mal qu’à nous-mêmes. On peut toujours protester et revendiquer, mais de manière plus civilisée. 

Protecteurs de l’indépendance, fils de Toussaint et Dessalines ; 

À nous, une dernière chance. Unissons-nous sur les collines, 

Dans les villes, pour le progrès ! 

Travaillons ! Luttons pour la paix ! 

Voyons Haïti, la déesse, le diamant envasé  qui souffre 

Dans ses jours de gloire et  prouesse, trottinant vite vers le gouffre!

Voyons sa victoire en péril, 

Nos reliques  indélébiles! 

Haïtiens, ressaisissons-nous ! Ôtons les voiles dans nos yeux ! 

L’étranger nous met à genoux, sème le baroud  sous nos cieux. 

Que pour garder notre fierté, Ô  nous fassions l’Unité ! 

Formule qui, à  Vertières, pour vaincre les blancs spadassins, 

A donné pleine lumière à nos aïeux aux bras d’Airains. 


Auteur: Philomé Mathieu

Juriste/Journaliste 


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