mardi 16 août 2022

Ouanaminthe-Culture: De ville commerciale à ville intellectuelle, un parcourt long et risqué mais très ambitieux.


Oui, le nom de la ville de Ouanaminthe résonne dans les discours des politiciens, dans les médias nationaux et internationaux. Il est sur toutes les lèvres des jouisseurs ainsi que des détracteurs, rien que pour ses potentialités commerciales.

De par sa position géographique, en tant que ville limitrophe se trouvant sur la frontière Haitiano-Dominicaine, la cité de Davilmar Théodore est connue depuis plusieurs décennies déjà pour ses échanges commerciaux souvent non-équilibrés avec  la république voisine et aussi pour sa noble contribution dans le budget national. 

Cependant, cette clichée de ville commerciale pour les bénéficiaires et de cité de trafiquants et de contrebandiers pour ses détracteurs commence à disparaitre spectaculairement de façon très inattendue pour être remplacé par "ville intellectuelle".

Au cours de l'année 2022, la ville de Ouanaminthe a reçu plus d'activités liées à l'intelligence que celles liées à la festivité et aux loisirs. Sur ce, de grands évènements de promotion de la culture et de partage du savoir ont été organisés par divers secteurs œuvrant dans le social et la culture dans la commune. Ce qui est surprenant, c’est que ces évènements sont majoritairement réalisés sous l'initiative des jeunes malgré leur carence de modèle en ce genre. Personne ne peut ignorer qu’ils (les jeunes) ont grandi et vécu dans une ville où l'honneur, la notoriété et le respect d'une personne se mesurent, le plus souvent, à l'aune du poids de son compte en banque et de ses privilèges octroyés à partir des relations développées avec les autorités politiques.


Des plus remarquables, on peut citer: le double passage de Michel Soukar (historien, écrivain, journaliste) pour deux conférences débat suivies de la signature de  deux ouvrages. L'une le 10 Avril autour du thème : Haïtienneté, responsabilité citoyenne et engagement suivie de la signature de l'ouvrage: "Le sang du citoyen" et l'autre en date du 09 Juillet ayant pour thème: La Radiographie de la bourgeoisie haïtienne suivie de la signature de son dernier titre: "La radiographie de la bourgeoisie haïtienne (un nouveau rôle pour les "élites haïtiennes" au 21è Siècle)". Cela ne s'arrête pas là, on dirait que l'aventure ne fait que commencer et le public en a pris le goût dans l'avènement de ce nouveau type de loisir saint. Car, l’appétit vient en mangeant, dit-on. 

Ainsi, la ville a reçu, grandissement, à l'occasion de la fête du travail et de l'agriculture le 01 Mai 2022 à l'auditorium de l'Institution Univers, le professeur et économiste Etzer Emile et le Politologue Stanley Karly JEAN-BERNARD pour une conférence débat conjointe autour des thèmes suivants: "Redresser l'économie nationale, quel rôle pour l'agriculture et le tourisme ?" Et "Responsabilité et engagement citoyen, quelle alternative pour la jeunesse”. Puis, cerise sur le gâteau, la partie musicale est assuré par le poète-artiste, chanteur et compositeur "BIC" de son vrai nom Roosevelt Saillant. Un artiste réputé pour la finesse et la profondeur de ses textes majoritairement à vocations éducatives.

Pour ce mois d'Août, ce fut le comble par le fait que le Centre Culturel Marie-Louise Coidavid s'est transformé en un véritable lieu de transmission de savoir et d'engagement civique pour répéter l'auteur de l'ouvrage "La garantie du droit au logement en Haïti face à la permanence des risques naturels" Me Hans Ludwig Joseph, actuel Directeur Général de l'ULCC, qui lui aussi était en signature accompagné des deux co-auteurs de "Repenser le contentieux électoral en Haïti", Ed Alcilien et Samson Beucia. Cet ouvrage est donc préfacé par Me Hans Ludwig Joseph.


Bien avant d'accueillir en son sein l'écrivain et acteur Smoye Noisy, digne fils de notre ville de cœur, lui qui a grandi ici jusqu'à la fin de ses études primaires, pour la signature de son livre: "VAR (Du Virtuel au Réel)", le centre a eu l'honneur de recevoir l’artiste Mimerose Beaubrun (Manzè), légende vivante de la capitale économique du Nord-est (Ouanaminthe), en compagnie de son conjoint Lòlò (Théodore Beaubrun Jr). Oui "Manzè" et "Lòlò" étaient présents pour la signature, en quantité très limitée par rapport à la demande, de leur chef-œuvre titré: "La danse de l'esprit". La présence de Manzè et de Lòlò dans l'espace l'a transformé en une véritable causerie à l’haïtienne que seuls les haïtiens dans l’âme peuvent en sentir l'ampleur et les effets. Car, les esprits ont vraiment dansé ce jour-là pour le bonheur des participants. 

Il est important de souligner que le Dr Jean Patric Alfred, Ouanaminthais lui aussi, et Marcus Cadet (originaire de Mare Rouge) sont, en fait, les deux derniers auteurs qui ont passés dans les locaux dudit Centre pour des causeries et la signature de ces deux ouvrages respectifs: "Dans le secret de l'administration publique haïtienne" et "Haïti et son refus systématique de planifier". 

Du Centre Culturel au Jardin Botanique de Ouanaminthe (JBO), ils ont signé des ouvrages et adoptent des plantes en les mettant en terre. Accompagné d'autres personnalités de la ville, dont la directrice départementale Nord-est du Ministère de l’Environnement, Mme Wideline Pierre, Sanchez Pierre (guide du JBO) et Darnel Abellard, membre de l’association des diasporas de Ouanaminthe (ADO) qui projette déjà de revenir dans 10 ans pour récolter lui-même les fruits des plantes qu'il a adoptées, parmi lesquelles une "lam veritab". 


À vrai dire, les activités pour la formation de l'esprit, de l'émancipation intellectuelle et de partage du savoir commencent à gagner une place princière dans le quotidien des Ouanaminthais. Pour paraphraser le professeur Michel Soukar, stupéfait de constater l'engouement de la jeunesse de cette ville pour ces genres d'activités et surtout pour la lecture "Ouanaminthe est une ville intellectuelle".

Notons que cette tendance vers le loisir saint est réveillé dans l'esprit des Ouanaminthais en générale et des jeunes en particulier avec l'ouverture du "Centre Culturel Marie-Louise Coidavid (pas encore officiellement inauguré). 

Cependant, dans le temps, la ville comptait beaucoup de cercles littéraires comme CAF (Club des Amis de la Francophonie de Louis Rodnel, Mathieu Philomé et Mary-Carmelot Valcourt Florival), de troupes théâtrales comme Soleil Nègre de Maismy-Mary Fleurant dit Fafa, Lanot Berthony Richelieu et Jean Léonard, de troupes de danse comme Layite Dans et d'embryon groupe musical comme l’Orchestre Amor et Buzzy Buzzy Boys. Mais la ville avait perdu cette fierté de la production du loisir saint pendant un moment. Une nostalgie qui diminue graduellement avec la détermination et la fougue de l'équipe de gestion  du centre culturel. Ce trait de soulagement peut bien se constater sur le visage des générations séniores.

Il pleut de l’espoir sur Ouanaminthe. Et, les amants de l’art se réjouissent déjà. Car, la lecture et l’écriture sont de nouveaux revalorisées dans cette ville. On dirait comme un arbre aux feuilles mortes retrouvant toute sa verdure en pleine saison printanière, Ouanaminthe qui a vu grandir le poète le plus populaire de notre histoire littéraire, Oswald Durand, renaît de ces cendres. L’art et la culture retrouvent leur place.On renoue avec les bonnes vieilles habitudes abandonnées depuis jadis sous les cieux du soleil levant. Notre grand rêve c’est de faire parler de Ouanaminthe en tant que ville commerciale et ville intellectuelle. Certes,  le parcourt est long et risqué mais très ambitieux. Que les exploits culturels et littéraires se poursuivent !


Auteur: Jackenson ACCILIEN

Ing-Agronome/Politologue/Journaliste

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