vendredi 20 mai 2022

Agriculture: Plaidoyer pour passer d’un mode de culture extensif à un mode de culture intensif en Haïti.



À la suite de l’émission intitulée : quels sont les enjeux et les défis de la sécurité alimentaire en Haïti? J’ai pris la décision de faire quelques mises au point.

Un enjeu est une problématique liée à l’utilisation du territoire. L’enjeu cardinal ici pour moi est clairement le mode de culture. Par mode de culture, je désigne l’ensemble des moyens de production (équipements et techniques) utilisés pour l’agriculture. Pour moi, le fait qu’Haïti soit un pays montagneux est un problème mineur dans la mesure où on peut aménager le flanc des montagnes en terrasse. Si on prend l’exemple du Québec, le territoire agricole se limite aux basses-terres du Saint-Laurent qui n’est que 2% de la superficie du Québec. Pour prendre un autre exemple, le territoire agricole du Japon occupe seulement 13% de sa superficie. Donc, l’enjeu le plus important est le mode de culture.

Parlons de défi maintenant. Pour bien poser le diagnostic, je crois qu’il est important de concevoir l’agriculture en Haïti comme une industrie, c’est-à-dire un ensemble d’activités économiques liées à la production, à la transformation et à la distribution des produits agricoles destinés à l’alimentation. Ainsi, il faut un ensemble d’infrastructure (routes, ponts, aqueducs, système de drainage, canaux d’irrigation, etc.) pour faciliter la mise en marché et la distribution. 

Peut-on sérieusement parler des défis sans parler de l’intensification de l’agriculture? Pour moi c’est non parce qu’avec l’étalement urbain et l’augmentation de la population, il faut diversifier les moyens (outils, engrais, pesticides, etc.) pour maximiser la quantité de nourriture produite. 

Un autre défi qui justifie ce choix est la croissance des villes. Nous avons une population de plus en plus jeune, de plus en plus branchée qui habite dans les villes. Durant mon enfance, la population de Ouanaminthe était à peine de 80 000 habitants. 30 ans plus tard, on est proche des 200 000 habitants. La croissance de nos villes fait pression sur les terres agricoles qui s’y trouvent. Elle provoque l’augmentation de la valeur des terres et il devient souvent plus payant pour un propriétaire de vendre sa terre pour y faire construire des maisons que de la cultiver. Pour toute ces raisons, la sécurité alimentaire passe par l'intensification de l’agriculture. 

   

Alex Milhomme

Enseignant de géographie,

Spécialiste en administration des systèmes d’éducation.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire